La tempête parfaite
Nous avons vu, dans les deux derniers post que nous avons été frappé par un cygne noir. Rappelons la description qu’en faisait Taleb : La « théorie du cygne noir » fait référence aux événements inattendus de grande ampleur et de grandes conséquences et à leur rôle dominant dans l’histoire. Ces événements, considérés comme des cas extrêmes, jouent collectivement un rôle bien plus important que les événements courants, ce que la COVID19 nous fait vivre.
Le déclencheur s’est répandu avec une vitesse fulgurante. Virtuellement personne dans le monde n’en avait entendu parler à la mi-janvier. Au Québec avec un premier cas le 3 mars, le 17 mars on ferme les écoles et le 23 mars on ferme toutes les entreprises. On a donc eu un déclencheur avec une grande résistance pour lequel il n’y aura pas de solution définitive, un vaccin, avant plusieurs mois. Nous sommes arrivés rapidement à un point de bascule.
Ce point de bascule où tout change dans les relations sociales, dans le travail, dans la vie quotidienne. Nous nous adaptons bien à la situation d’urgence aujourd’hui ! Qu’en sera-t-il demain ? Nous passons actuellement de la situation d’urgence (le point de bascule) vers une quasi-permanence de cette nouvelle situation. Quasi-permanence!
Dans les situations économiques vécues depuis une centaine d’années, les recettes pour redresser l’économie se sont peaufinées et les gouvernements ont bien su y répondre en jouant sur les principaux leviers économiques comme ils le font aujourd’hui. Regardons, les derniers soubresauts économiques. On stimule l’économie en abaissant les taux d’intérêt, on soutient les acteurs économiques en faisant des rachats massifs de dettes (littéralement en imprimant l’argent), on réforme les règles pour réduire les risques de récidive, on sauve les entreprises de la faillite, on subventionne les individus et les ménages.
Je discutais hier avec un conseiller expérimenté de Québec. Pour lui, les affaires allaient plutôt bien. C’est donc possible, même dans une tempête parfaite.
Prenons d’autres exemples dans notre industrie. À cause de la distanciation ou du confinement, il n’est plus possible de vendre des contrats d’assurance vie qui nécessitent des visites à domicile aux fins de tests de santé. Bon, ça reprendra bientôt. Mais pour l’heure le produit disparaît littéralement. Un impact mineur.
Les rencontres clients étaient déjà mises à mal par les millénariaux. Nous sommes tous devenus un peu millénariaux, certains facilement, d’autres plus difficilement. Facetime, Skype, Zoom, Google team ou Bluejeans sont soudainement devenus des instruments du quotidien pour tous. Plusieurs ont découvert qu’on pouvait facilement étudier des dossiers à distance sans se déplacer ! Reviendrons-nous aux rencontres face à face ? Sûrement… mais lentement.
Certains enjeux exigent le présentiel. Il y en a plusieurs selon les juridictions. L’identité du client en matière de lutte au blanchiment. La signature des formulaires toujours plus nombreux. Le constat de santé à la livraison du contrat d’assurance. Les solutions numériques existent comme la signature numérique ou encore l’identité complète, elle aussi numérique. Elles s’étendront rapidement et les autorités n’auront d’autres choix que de s’adapter.
Vous rappelez-vous de votre dernière rencontre de ventes ou de formation chez votre agent général ou encore de votre dernier congrès ? C’était un autre temps. Pour moi, en février dernier avec une entreprise d’assurance ou juste avant les Fêtes avec une autre. Quand aura lieu votre prochain congrès ? Sera-t-il en présentiel, ou comme le disent nos cousins français en distantiel ? Il risque fort, ce congrès de prendre une nouvelle forme à distance. Intéressant. Moins de relations, mais aussi moins de temps à consacrer pour les déplacements et séjours et moins de frais. Reviendront-ils ces grands congrès… sous la forme où nous les avons connus?
D’autres éléments seront aussi bouleversés, cette fois de manière beaucoup plus permanente. Regardons-les rapidement, la notion de survie, la notion de risques financiers et les notions fiscales.
La survie, les tables de mortalité seront modifiées, pas seulement par le nombre élevé de morts chez les personnes âgées, mais aussi dans une perspective de pandémies qui deviendront la norme. Vous me trouvez pessimiste ?
L’Ebola apparu en 1976 qui est toujours latent en Afrique, avec son cousin le virus de Marburg apparu en 2000. Le fameux SRAS apparu en 2002 (et disparu en 2004, jusqu’à quand ?). Le syndrome respiratoire du Moyen Orient, en 2012, suivi aujourd’hui par la COVID19. Alors quels seront les impacts sur les assurances maladie-accident ou sur la tarification des autres assurances ? Et sur notre vie sociale? La nouvelle conscience de ces nouvelles réalités va s’implanter de manière durable.
Même la notion de risques financiers change rapidement. Qui aurait dit que le 20 avril 2020, le baril de pétrole livrable en mai se vendrait à -32 $… on payait pour le vendre ! Qui aurait dit qu’on soit obligé de mettre l’économie sur pause, totalement, pendant plusieurs semaines ? Certaines entreprises se positionnaient contre le travail en ligne… elles se sont converties pour survivre. Tous ces évènements économiques ont et auront des conséquences difficilement imaginables comme le télétravail qui provoquera une réduction des surfaces louées et des impacts sur les fonds immobiliers.
La fiscalité, déjà malmenée par l’attitude des GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) (et toujours soutenue par la présidence américaine) subira plusieurs changements. On ne tolérera plus ces attitudes, ni pour eux ni pour les Canadiens, les Français ou les Belges qui ont de tels stratagèmes. Que penser des dettes souveraines qui surgissent depuis quelques semaines comme mesures compensatoires ? Y aura-t-il des changements sur les normes fiscales? Poser la question c’est y répondre.
À bien y penser, il ne s’agit pas d’une tempête parfaite… nous nous dirigeons vers un véritable bouleversement, un véritable tsunami ! Heureusement, à mon avis, nous, conseillers financiers, spécialistes en assurances, planificateurs financiers, les mandataires d’assurance, les courtiers, les agents, serons parmi les moins touchés. Nos clients auront encore plus besoin de nous.
Surveillez notre prochain bloque, le tsunami !
En attendant le retournement dont nous parlerons dans les deux prochains posts, pourquoi ne pas en profiter pour acquérir de nouvelles connaissances ?
- Développez vos connaissances en base de données. Ce sont des bases de données, facilement accessibles, comme Access qui vous permettront d’améliorer les performances de votre travail.
- Pourquoi ne pas envisager de prendre des formations professionnelles qui vous permettent d’améliorer vos compétences ou d’en développer de nouvelles ? Le Collège des professions financières offre de telles formations.
- Pourquoi de ne pas développer ou améliorer vos connaissances linguistiques ? Certaines chaînes offrent des films et des séries en langues étrangères avec sous-titres. Une agréable façon de faire.